Police et racisme : les risques d’une cécité. Editorial du « Monde ». 6 juin 2020.
Le gouvernement doit prendre au sérieux le malaise qui envenime, en France, les rapports entre minorités et forces de l’ordre et les dérives violentes de ces dernières.
La collusion (erreur de mots ou choix volontaire du rédacteur ? LRDG29) fortuite entre deux événements d’actualité peut produire un lourd effet de sens. La concomitance entre la mort de George Floyd, un Noir américain de 46 ans étouffé lors de son interpellation par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota), et la publication de nouveaux rapports d’expertise sur la mort d’Adama Traoré, un Français noir de 24 ans, mort en 2016 dans le Val-d’Oise après son interpellation par des gendarmes, ne pouvait pas passer inaperçue. Bravant l’interdiction de manifester, 20 000 personnes ont protesté, mardi 2 juin, aux abords du Palais de justice de Paris, et les rassemblements se succèdent depuis lors. Comparaison n’est pas raison : le statut des Noirs est une plaie toujours béante dans l’histoire politique et sociale américaine depuis l’époque de l’esclavage, prolongée par un apartheid de fait qui n’a cessé, dans les Etats du Sud, que dans les années 1960 ; en France, c’est à la fois une question historique liée à la traite négrière et à la colonisation de l’Afrique, et une réalité consécutive à une immigration relativement récente.