De l’abstention

Regards croisés sur les élections démocratiques et les candidats.
Par Jean-Louis Migot.

Abstention record en France. Désintérêt de la politique ? C’est une manière de rejeter la faute sur nos concitoyen.ne.s. Mais qu’en est-il de l’autre côté opaque de l’urne. Les candidats sont-ils hors de cause ? Bien sur que non. Et trois motifs expliquent surement ce désaveu face à une vision maltraitée de la démocratie par celles et ceux qui prétendent l’appliquer et surtout la respecter. 

Le premier coup de gueule est le cumul, évident sous quatre formes inacceptables.
Commençons par ce cumul, partie visible de l’iceberg, horizontal de candidats dont leur carrière est politique depuis des décennies. Il ressort que les scrutins de listes favorisent plus ce genre de comportement. Perpendiculairement et plus discret est le cumul vertical de candidats, souvent les mêmes que précédemment, pour les postes rémunérés dans diverses organisations ou institutions. Et comment expliquer aussi ce cumul territorial de mandats politiques simultanés, à croire que les prétendants manquent ou que la génération en place préserve son pré-carré. Et enfin il y a aussi le « saute-mouton » de candidats d’une élection à une autre, comme une promotion dans la hiérarchie des mandats politiques ! 

Deuxième coup de gueule plutôt éthique est la politique caméléon selon l’évolution des sondages puis des résultats.
Signalons l’aptitude de certains candidats au changement d’étiquettes politiques en cours de mandat au plus grand mépris de leurs électeurs, mais aussi entre mandats. Les convictions politiques du candidat, susceptibles d’évolutions bien sur, devraient avoir du mal à envisager de tels grands écarts. Ainsi l’électeur se sent forcément abusé d’avoir donné sa confiance à un candidat versatile. A cela se rajoutent ces négociations plus politiciennes que politiques entre les tours d’élections où le placement de candidats bling-bling, évoluant souvent pour eux-mêmes, a un objectif plus racoleur que politique. Et comment comprendre ces fusions de listes devenant des pots pourris d’idées politiques souvent hétérogènes où se retrouvent des candidats avant opposés ou concurrents. Alors que les listes bien placées doivent faire preuve de pugnacité et faire tout pour se maintenir dans la double vision d’assurer la qualité du débat démocratique, le consensus du choix démocratique et la défense de leurs convictions. 

Troisième coup de gueule est de constater ce besoin inextinguible de s’intégrer à une caste, un clan à l’abri, quoiqu’on en dise, des soubresauts financiers, juridiques de l’autre monde ou de préserver leur place par des agissements opportunistes dans leur Monde.
Que dire aussi de ces soutiens entre « bons amis » entre les tours d’élections entre candidats rivaux par leurs idées politiques et aussi par leurs comportements humains. Enfin cela n’a pas échappé aux citoyens cette survie des « chefs » d’un mandat à un autre et par contre le renouvellement de « la troupe » présente pour les postes subalternes ou pire pour leur disparition lors de ces transitions riches en négociations occultes. Un petit clin d’œil à ce contentement des ex-candidats maintenant élus réconciliés même de choix politiques différents arborant de clinquants sourires jusqu’aux oreilles. 

« Une remise à plat de la désignation des élus et élues au sein de la République »

Pour conclure : le rejet du vote par l’électeur peut aisément s’expliquer par ces différents coups de gueule, dans la mesure aussi où, dans un monde friand de scoop, l’impunité des élus politiques de tout bord est majoritairement vérifiée. Le monde politique fascine et que ne ferait-on pas pour rester dans la place, quitte à user de toutes les astuces, les faiblesses, les bassesses, les ruses pour s’y maintenir. Que l’élection soit par candidat comme départementale ou par liste comme régionale, chaque système apparait fragile et corruptible. Quelle est la solution pour réconcilier l’électeur et l’élection ? Une remise à plat de la désignation des élus et élues au sein de la République afin d’assurer un débat démocratique unanime intégrant toutes les convictions de toutes les entités intégrées à une majorité non pas absolue mais représentative de toutes les forces émergentes du verdict électoral.

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