Ce numéro du Cahier Radical contient les articles suivant : Programme de réflexion des Radicaux de Gauche du Finistère, Le temps du silence est terminé, Quelle forme de résilience sommes-nous en droit d’attendre du Président et de ses sbires ? (par T. Biger), Vie et mort d’un amendement parlementaire en Macronie, Débat radical, Billet d’humeur, Que nous révèle la presse (revue de presse), Dieu et le virus, Le scandale dans le scandale : la colère. Bonne lecture !
Le Silence n’est plus d’or
Edito par Jean-Pierre Bernard, Secrétaire général LRDG en Finistère et Membre du Bureau National des Radicaux de Gauche.
Ce Cahier Radical devait initialement interroger le libéralisme, ses dérives et oser la question : le radicalisme ne devrait-il pas clarifier son positionnement entre la notion «libérale» issue de la Révolution et son attachement à la libre entreprise ? La terrible actualité qui touche notre pays a partiellement apporté des réponses. Les choix successifs de s’inscrire dans la logique libérale puis néo-libérale de nos élites politiques et technocratiques volent en éclats.
De plus, la structure européenne vient de montrer de telles déficiences qu’elle n’a pas arrangé sa crédibilité. Elle l’a profondément détériorée en démontrant son incapacité à mettre en oeuvre, spontanément, une solidarité européenne qui aurait dû et pu être exemplaire. Elle tente de sauver les meubles : fin de l’austérité et des restrictions budgétaires abusives, déblocage de milliards d’euros.
Mais pour quel plan? Et «il faudrait faire silence dans les rangs» nous demandent le gouvernement, ses thuriféraires, ses éditocrates patentés pour s’accorder sur l’union nationale. Pathétique! L’union et les solidarités essentielles, spontanément, se sont mises en place par le peuple de ceux qui combattent la pandémie. Les réactions de nos dirigeants et des hauts fonctionnaires déconnectés, dont l’impéritie éclate au grand jour, enchaînent ordres et contre-ordres par peur de perdre le contrôle de leur positions.
Mais aussi peur de la demande d’explications, de remise en cause et de ne pouvoir revenir au monde ancien qu’ils n’ont jamais cessé de nous imposer avec violence. Notre pays, le peuple constate comme le dit Claude Robert (1) que; «cette pandémie met cruellement en exergue les faiblesses inhérentes aux systèmes bureaucratiques centralisés, gérés de surcroît par des hauts fonctionnaires qui tous partagent un terrible point commun: l’absence d’expérience opérationnelle et de proximité avec le peuple». Il dénonce des lacunes totalement inexcusables dans le pays qui dispose de la pompe à phynance (merci Alfred Jarry) la plus puissante des pays de l’OCDE. «Il s’agit purement et simplement de la faillite d’une gouvernance trop éloignée du réel et de moins en moins au service du peuple, celui-ci étant devenu peu à peu une espèce de communauté abstraite d’administrés» taillable et corvéable à merci.
Au total combien de morts ? Cette crise révèle que malgré une politique de prélèvements extraordinaires de toutes sortes l’Etat français n’a pas été capable d’anticiper, de gérer une situation ou les carences, l’incompétence, l’incohérence des décisions au plus haut niveau a induit pour la population des effets mortels. Une remise en cause totale est nécessaire et, bien sûr, le Silence n’est plus d’or.