Un nouvel avertissement à celles et ceux qui réclament « plus d’Europe, vite et à la majorité simple » alors que leur « Europe » (en fait, l’UE atlantiste, libérale et abonnée à la démocratie-chrétienne en attendant peut-être pire) flirte à nouveau avec les vieux démons de l’Europe Centrale.
Autre alerte corroborant celle-là, l’énarque ci-devant patron de Frontex, Fabrice Leggeri, rejoint le RN, lui apportant ses compétences « techniques » ; il sera peut-être suivi par bien d’autres, qui pensent « résultats et carrière » bien avant de penser « droits de l’homme ». Troisième alerte : la tartuferie avec laquelle l’UE, au moment même où les premiers civils meurent de faim à Gaza, subordonne les financements européens de l’UNRWA à des engagements politiques et ce sur la base des seules accusations de l’été hébreu (comme si on demandait quoique ce soit à Israël terrorisant une population entière et massacrant sous les bombes des dizaines de milliers de gens.
Clairement, une vie palestinienne pèse (aujourd’hui) à Bruxelles moins, beaucoup moins qu’une vie israélienne. A Paris, c’est pire encore. Comment cela s’appelle cette différence, en bon français?
C’est ce genre « d’Europe » que vous voulez ? Etes vous prêts au fond à subordonner vos idéaux à une formule politique qui comme toutes les constructions humaines et les plus grands empires, est mortelle et n’offre aucune garantie de valeur? Etes vous prêts à admettre que parmi les états les plus impérialistes ou écologiquement irresponsables (Brésil, USA, Russie, Inde, Emirats etc. ) beaucoup sont … des fédérations ? Et que ce qui compte c’est le vin qu’on sert et non la bouteille et a fortiori son étiquette?
On glisse pour l’instant sur une pente savonneuse. L’UE a été construite pour être et rester dans les mains d’un parti d’inspiration religieuse (comme les partis islamiques, pas islamistes !) sinon il ne s’appellerait plus chrétien-démocrate, grâce au triple et efficace verrouillage « Commission + Parlement + Conseil ».
Celles et ceux qui sont sincèrement laïques, universalistes, fraternels, amoureux de la raison et non du Fric (pudiquement rebaptisé « les marchés ») ou des carrières, réalistes et politiquement éclairés doivent donc et c’est urgent passer de la foi de charbonnier à la critique constructive pour marcher vers une autre Europe, qui reste à construire avec toutes les démocraties solides y compris le Royaume-Uni et sans préjugés religieux, racistes ou néo-colonialistes. Et pas en faisant aveuglément et obstinément confiance au système pour qu’il s’autoréforme ce qui n’est clairement pas le cas depuis 50 ans, bien au contraire. Autant demander à l’église catholique d’ordonner les femmes.
Et rappelez-vous aussi Chers Amis, qu’avec des tropismes de ce type, on peut finir par interdire toute liberté à tout peuple tout en faisant de la morale aux autres comme le firent les colonialismes : si les Français s’étaient soumis en 1789 au reste de « l’Europe », la Révolution Française dont on se glorifie aujourd’hui en chantant la Marseillaise dans les stades, n’aurait jamais existé.. Il ne s’agit pas d’agiter une menace de Frexit ou de se laisser qualifier d' »antieuropéen » (encore un mot détourné comme il en fleurit des dizaines en ce moment) mais de ne laisser aux Marchands et aux technocrates, surtout quand ils s’allient au goupillon, que l’économie et pas le reste.
Chacun son métier, c’est le bon sens et c’est justement le bon sens associé à l’humanisme laïque qui doit régir une véritable Europe, qu’il faut cesser de confondre avec son avatar, l’UE atlantiste et égoïste.
Et il est particulièrement dangereux de laisser au RN (en le mettant dans le même sac que la gauche insoumise, en plus !) le monopole de défendre notre culture mondiale, notre vision laïque, les métiers que démolit la vision technocratique, le prestige et l’image de notre pays et une défense indépendante du Grand Condottiere choisi à Bruxelles. Car de plus en plus de gens ne préfèrent ou préféreront pas le RN parce qu’il est raciste, démagogue, « antieuropéen » encore « poutinien » mais parce qu’ils sentent que Macron (dont une bonne partie des cadres vient du PS) et une partie de la gauche, jouant la chèvre de M. Seguin, n’écoutent qu’eux-mêmes comme les gens autorisés du regretté Coluche et sont donc déloyaux à leurs électeurs. Surtout à gauche.
Renvoyer la balle et la responsabilité aux électeurs, c’est avoir un tropisme de chef de service, de technocrate. Comprendre le message qu’ils cherchent, par un dernier avertissement après les fumerolles des bonnets rouges et des gilets jaunes, à faire passer avant la catastrophe, ressemblerait déjà davantage à une politique intelligente.
Demandeurs d’asile : les conservateurs européens favorables à un transfert vers des pays tiers
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